Au milieu du 17e siècle, avec l’essor du commerce d’outre-mer, le développement des colonies et l’organisation intensive des plantations de produits exotiques, l’usage du café ne cesse de croître dans la plupart des grandes villes européennes pour devenir, au 18e siècle, un véritable art de vivre. Apprécié par l’aristocratie, les élites mais aussi le peuple, ce type de boisson suscite très rapidement l’apparition de nouveaux objets liés à sa consommation. Ainsi voit le jour, dans les grandes demeures, la cafetière et ses accessoires.
Associé aux nouveaux lieux de sociabilité du siècle des lumières, le café doit également son succès à ses vertus médicinales, à la littérature et au contexte magique de son introduction officielle, par les Turcs, un siècle plus tôt à la cour de Louis XIV.
À l’origine servi dans des pots à usages multiples, notamment des aiguières ou des pots à bouillon, la préparation du café va nécessiter l’apparition d’un d’objet, pratique et élégant, qui ne variera quasi plus au cours de son histoire : c’est la cafetière tripode en argent. Chapeautée par un couvercle en forme de dôme, le plus souvent décoré d’un bouton de préhension à élément figuratif, cet ustensile ̶ de fière allure ̶ est toujours muni d’un élégant bec verseur, et d’un manche en bois disposé latéralement ou perpendiculairement à l’objet.
Riche d’un certain savoir-faire en matière d’orfèvrerie civile et religieuse, Ath se spécialise au 18e siècle dans la réalisation d’objets de table : des cafetières, des chocolatières ou des chandeliers. L’exemple ici exposé est caractéristique de cette production, notamment par la présence de torsades bien affirmées sur l’ensemble du corps de l’objet. Cette pièce de qualité est l’œuvre du Maître orfèvre athois Jean-Louis Philippront (1725-1789) réputé pour le sérieux et l’étendue de sa production. Le répertoire des éléments décoratifs présents sur la cafetière est typique de l’époque : une pomme de pin, une tête de dauphin et des pieds en forme de pattes d’animaux… Mais combien agréable au regard !
Au 18e siècle, un art de vivre particulier se développe grâce à l’engouement suscité par les boissons exotiques telles que le café et le thé. Aujourd’hui encore, leur dégustation reste un moment de convivialité entre une grand-mère et ses petits-enfants, entre une maman et sa fille, entre amoureux ou entre amis qui se réunissent.
Le lieu a changé. Nous sommes passés de châteaux, de maisons bourgeoises, … au salon de dégustation. Ce moment est synonyme de partage et est propice aux confidences, aux discussions. Au travers des chuchotements, on perçoit les joies et les peines. Face à l’isolement parfois créé par les réseaux sociaux, l’on observe aussi le besoin de communiquer « en direct ».
Aujourd’hui, les goûts ont également évolué. La production à grande échelle a apporté au café et au thé une saveur « uniformisée ». Pour des raisons économiques et sociétales, nous passons parfois à côté de la valeur des choses. Avant qu’un thé ou un café de qualité arrivent dans notre tasse, il y a un ouvrage important qui demande, notamment, aux ouvriers récoltants de travailler dans des conditions difficiles.
La cafetière de Jean-Louis Philippront est un bel exemple du savoir-faire athois en orfèvrerie qui témoigne du raffinement du 18e siècle. L’art de la table garde une importance particulière dans la dégustation du café et du thé. Cela participe à l’émerveillement ! Même si l’on préfère des récipients qui ne sont pas « gardes mémoire », servir et boire du café dans une vaisselle élégante est toujours apprécié.