Charte donnée par Philippe le Bon le 14 avril 1449

Original sur parchemin avec grand sceau équestre pendant sur lacs de soie rouge et verte, Archives de la Ville d’Ath.

~ L'AVIS DE L'EXPERT ~

Adrien Dupont

Archiviste de la Ville d’Ath

À l’abandon de la fonction hospitalière du béguinage Maillet Boudant en mars 1448, la ville d’Ath doit remédier à cette carence en soins médicaux. Une maison est acquise en août 1448 afin d’y accueillir des religieuses venues de l’hôtel Dieu de Valenciennes. Au cours des années qui suivront, les religieuses sont dotées de faveurs par Philippe-le-Bon, duc de Bourgogne.

Délivrées pour soutenir la fondation de l’institution charitable et pour « secourir et alimenter les povres malades », les lettres patentes du 14 avril 1449 octroient aux sœurs l’amortissement des bâtiments de l’hôpital, l’amortissement de leurs rentes, la protection du prince pour leurs biens et possessions, la présence de 10 sœurs compétentes pour le service des malades (dont une sera la supérieure), l’autorisation de ne pas accueillir de veuves (l’hôpital n’est pas un hospice de vieillards) et la nomination d’un receveur en accord avec le magistrat. Les lettres de 1449 sont complétées par celles des 28 décembre 1450 et 19 octobre 1453 qui concèdent à la communauté des droits sur les biens des malades qui décèderaient à l’hôpital.

Le document de 1449 se présente sous la forme d’une charte, soit un acte qui émane d’une autorité publique ou religieuse (ici le souverain), qui consigne des droits ou règle des intérêts et qui revêt toutes les formes assurant son authenticité. Une note de 1754 décrit ainsi la charte donnée par le duc de Bourgogne : « il est sain et entier, en velin bien ecrit en encre bien noire, avec le seel appendant par une lace de soye entremelée de blan et vermeille, le grand seel en cire verde représentant Philippe le Bon casqué et cuirassé par tout le corps, monté sur un cheval qui coure tout drappé, le duc frappant de l’epée en main, trois ou quattre blasons d’armoiries derriere sa teste, deux tours d’ecriture gothique commenceant : Philippus Dei Gratia etc., par derriere le blason de Bourgogne écartalé en lies et barre dans le millieu, en haut autre blason, en bas pareillement et un de chaque coté, faisant cinq blasons une escece de croix. » La description insiste sur les marques d’authentification, en particulier le sceau ; sur le repli figure aussi l’indication de l’enregistrement de l’acte auprès de la Chambre des Comptes du duc.

La charte de 1449 est très tôt considérée comme l’acte de fondation de l’hôpital dédié à la Madeleine. L’activité hospitalière publique prodiguée par La Madeleine à Ath durera quelque 550 ans avant de passer entre des mains privées en 1998.

~ UN AUTRE REGARD ~

François Burhin

Directeur Général du Centre Hospitalier EpiCURA

Depuis sa création en 1449 par Philippe Le Bon, Duc de Bourgogne, l’hôpital de la Madeleine a fait un pas de géant ! L’hôpital a fonctionné vaillamment jusqu’au-delà de 1960. Durant toute cette période, les services s’étoffent et les spécialités médicales se diversifient progressivement. En 1973, un nouveau bâtiment s’élève avec une capacité de 191 lits. La volonté de s’entourer d’un personnel compétent et de travailler avec un équipement performant continue de se manifester au fil du temps.

Ces 20 dernières années, le secteur hospitalier s’est caractérisé par de nombreuses fusions et une restructuration permanente. L’hôpital du CPAS d’Ath est d’abord cédé aux mutualités socialistes et incorporé dans le Réseau Hospitalier de Médecine Sociale (RHMS). Depuis 2012, l’hôpital d’Ath fait partie intégrante du Centre Hospitalier EpiCURA, lui-même issu du rapprochement entre le Réseau Hospitalier de Médecine Sociale et le Centre Hospitalier Hornu-Frameries. Dans le bassin de soins d’Ath, EpiCURA constitue le seul acteur hospitalier. Quoiqu’appartenant à un ensemble hospitalier important, l’hôpital d’Ath conserve une taille humaine permettant des soins personnalisés à la population.

Le site d’Ath a pour vocation de rester un site hospitalier de proximité généraliste et aussi complet que possible. Le volume des activités du site a pratiquement doublé dans tous les secteurs durant ces 10 dernières années. L’hôpital d’Ath propose aujourd’hui 236 lits pour une population de 85.000 âmes.

Le confort des patients reste une priorité pour EpiCURA. Fin 2015, Ath se dote d’une toute nouvelle machine de Résonance Magnétique Nucléaire permettant d’obtenir des images très précises en trois dimensions. Un tunnel plus large, des séquences plus silencieuses et un examen plus court améliorent sans conteste le bien-être du patient. En 2016, EpiCURA investira dans un tout nouveau bâtiment de deux étages permettant d’accueillir notamment le service de dialyse ainsi que des cabinets de consultations. Les quatre salles d’opérations existantes seront modernisées et deux nouvelles salles viendront s’ajouter pour faire face à l’augmentation des interventions chirurgicales. Les unités de soins seront également rénovées tout en maintenant l’ensemble des services en activité. Un géant, vous disait-on…